Les élèves de la Classe Défense et Sécurité Globales du Collège Arnaud Beltrame de Luçon sont partis à Oradour-Sur-Glane le jeudi 18 avril, à 5h00 du matin, pour deux jours dans la Haute-Vienne.
Les élèves ont choisi de travailler sur la transmission de la mémoire par les jeunes générations en réfléchissant à cette question : comment transmettre , être passeur de mémoire, alors que les témoins directs de l’Histoire disparaissent progressivement ?
Le jeudi 18 avril : découverte d’Oradour-sur-glane, le centre de la mémoire et le village martyr
Avec la statue «Aux martyrs d’Oradour» d’Apel Les Fenosa et l’architecture déchirée du centre de la mémoire, nous avons vite compris que l’esthétique n’était pas la priorité.
Cette femme nue, enceinte, hurlant dans les flammes, rappelle le drame du 10 juin 1944, lorsque les einsatzgruppen de la SS Das Reich ont méthodiquement massacré 643 hommes, femmes et enfants dans le village en à peine 3 heures puis ont caché les corps empêchant l’identification et surtout le deuil des familles.
Comme le rappelle la citation du poète Eluard sur le socle « Ici les hommes firent à leur mère et à toutes les femmes la plus grave injure, ils n’épargnèrent pas les enfants ».
L’art qui fixe la mémoire, qui dénonce cette atteinte aux civils innocents.
Un malaise et un sentiment de déjà vu… au Rwanda… et aujourd’hui en Ukraine et au Moyen-Orient où les crimes de guerre se poursuivent encore et toujours.
Dans l’exposition permanente, nous avons tenté de comprendre comment des allemands et des alsaciens (les « Malgrés-nous »), embrigadés, endoctrinés par les idées nazies, ont pu aller jusqu’au massacre et à la barbarie, y compris sur des enfants de quelques jours et faire la fête dans une maison le soir.
Très peu de personnes ont été condamnées pour ces actes.
Nous avons eu la chance d’observer les objets retrouvés dans les ruines d’Oradour, sauvegardés par les familles : des objets témoins pour les futures générations, des preuves pour les procès, devenus reliques précieuses pour les familles.
Nous avons découvert des objets inconnus pour nous comme les encriers. D’autres nous ont beaucoup marqués comme ce landau criblé de balles, ces bouteilles en verre tordues par les flammes, ces montres à gousset arrêtées ou cette clé qui n’ouvrait plus la porte brûlée mais que le propriétaire gardait toujours sur lui.
Beaucoup d’émotion devant cette galerie des visages qui fixe l’image des martyrs sur des carreaux de porcelaine. Pas seulement des chiffres mais des hommes, des femmes et tellement d’enfants, si jeunes. Une famille a perdu 24 membres ce jour-là.
Nous avons trouvé la photo de Ramona Dominguez Gil, cette espagnole réfugiée, tuée lors du massacre mais totalement oubliée dans la liste des martyrs, retrouvée récemment.
C’est ici que nous avons rencontré notre témoin guide , Jacques Doutre, ce fils de rescapé avec qui nous avons passé tout l’après-midi dans le village-martyr. Il nous a raconté ce village actif, moderne et tolérant. Il nous a expliqué comment son père Paul Doutre, 19 ans, réfractaire au STO, caché dans sa maison a réussi à survivre et s’enfuir. Il a insisté avec beaucoup d’émotion sur cette enfance sans famille proche, avec un deuil lourd en expliquant que malgré tout ce village est ancré en lui comme une nécessité et à quel point ce passage de mémoire est important pour lui et la mémoire nationale.
L’ église où les femmes et enfants ont été massacrés, la grange Laudy où 5 hommes ont survécu et le cimetière ont été des temps très forts pour nous. Des élèves de la classe ont lu à trois voix le texte de Jean Tardieu Oradour pour rendre hommage aux martyrs.
Nous avons rencontré le maire, Philippe Lacroix, accompagné de journalistes de la Moselle. Tous préparent les commémorations du 80ème anniversaire du drame du 10 juin. Se prépare également le futur du village avec cette cagnotte citoyenne en ligne pour permettre l’entretien du village-martyr et limiter les effets du temps sur les murs et les objets.
Une BD sortira sous peu pour raconter à un large public ce massacre.
Vendredi 19 avril : Limoges, de l’Occupation à la Libération
Toute la matinée, nous avons parcouru les rues de Limoges à la recherche des traces de la Seconde Guerre Mondiale , de la Gare des Bénédictins à la Place Jourdan.
Nous avons été surpris de trouver une plaque mémorielle pour les cheminots résistants, les déportés en plein milieu de la gare ou des impacts de balles encore bien visibles sur les murs de la ville.
Limoges a accueilli de nombreux réfugiés de l’Exode,des journaux parisiens et le gouvernement belge de l’époque.
Échanges avec la Section Aérienne de la Gendarmerie de Limoges
Autour d’un hélicoptère Ecureuil, le major, pilote, nous a présenté sa carrière, les formations de la gendarmerie et ses missions de recherche, d’intervention, de protection. Nous avons découvert le potentiel de ce matériel, les différents métiers qui gravitent autour et qui peuvent inspirer notre orientation.
Un major passionné et passionnant !
Nous avons aussi beaucoup apprécié l’hébergement à Limoges, les pique-niques. De beaux moments partagés !